Shanghai Jiao Tong – ParisTech Elite Institute of Technology (SPEIT) est une école d’ingénieur née de l’alliance stratégique entre ParisTech et l’Université Shanghai Jiao Tong. Elle regroupe les forces de grandes écoles françaises (ENSTA Paris, MINES ParisTech, Télécom Paris, Ecole Polytechnique) et celles de l’université Shanghai Jiao Tong qui garantissent la qualité, l’exigence et la rigueur de ses programmes de formation et de recherche. Frédéric Toumazet, directeur français depuis septembre 2018, et deux enseignants - Fredy Tabourin, coordinateur FLE (français langue étrangère) et Arnaud Martin, agrégé senior de physique et coordinateur de physique - témoignent.
En Chine, plus exactement à Shanghai, nous avons tout d'abord été saisis par une sorte d'hébétude, la situation dans une ville déjà vidée de ses habitants pour cause de vacances du premier de l'an chinois semblait irréelle. Les premiers jours passés, nous avons vécu dans une atmosphère confinée, avec port de masques, parfois de gants, et la mise en place d'un contrôle sanitaire strict. Très rapidement la direction de l'école a cherché à mesurer l'ampleur de cette crise pour dès les premiers jours des congés, imaginer les solutions à déployer pour assurer le continuum pédagogique.
Les élèves ont été rapidement informés des décisions pédagogiques prisent par SPEIT. Rapidement, avec grand professionnalisme et un sens aigu des responsabilités, les enseignants ont répondu positivement aux sollicitations des doyens pour proposer dès la date de rentrée des sessions de démonstration et de test des enseignements en ligne. La validation de ces modèles a permis une rentrée en ligne aussi sereine que possible et avec uniquement une semaine de retard sur le calendrier nominal.
F.T. : Les plus grandes difficultés rencontrées concernent les étudiants en échanges. Nous avons dû gérer le départ d'étudiants vers la France dans des conditions compliquées et une fois la crise déclarée en France, gérer le retour d'une partie de nos étudiants chinois présents sur le territoire français. Les différences d'appréciation des mesures sanitaires entre les deux pays, alors à des stades différents de la crise sanitaire, a généré de nombreuses incompréhensions et inquiétudes.
F.T. : Les outils mis à disposition sont pour une part les outils utilisés de manière classique à SJTU et SPEIT (Canvas et Moodle) mais nous avons fait massivement appel à zoom. Bien entendu les outils de communication habituels en Chine, tel WeChat, ont permis de fluidifier l’usage des autres logiciels. Selon les disciplines, les enseignant ont différemment utiliser les outils mis à disposition.
F.Ta. : Pour les cours de français langue étrangère, nous avons dès le début cherché à privilégier des outils communs à l'ensemble de l'équipe, relativement simples d'utilisation et les plus adaptés aux besoins de nos cours. Notre choix s'est donc naturellement porté sur les outils proposés par l'université, à savoir Canvas (pour la mise à disposition de documents d'auto-apprentissage et le dépôt des devoirs des étudiants) et Zoom (pour les séances en direct d'interaction et de questions/réponses avec les étudiants). A cela s'ajoutent les outils usuels de communication tels les emails et WeChat.
A.M. : Pour les cours de physique, les solutions adoptées pour l'enseignement à distance ont été pour l'essentiel les mêmes pour l'ensemble des enseignements, et cela afin de faciliter l'accès des étudiants, qui de cette manière pouvaient plus rapidement s'orienter et aller à l'essentiel, c'est-à-dire, au-delà des modalités d'apprentissage de l'outil numérique, l'apprentissage de la matière enseignée. La plate-forme Moodle a été utilisée afin de mettre à disposition des documents de format PDF et mp4. Les vidéos mises en ligne étaient des enregistrements de cours préparés par les enseignants. Ces séquences de cours étaient basées sur des diapositives écrites à cette occasion, et sur le polycopié de cours donné aux étudiants, commentés par les enseignants. Des cours en ligne en direct ont également eu lieu : le professeur expliquait le cours en se basant sur les slides ou le polycopié partagé avec les étudiants, et pouvant, le cas échéant, répondre aux questions des étudiants en direct.
F.T. : La crise n'est malheureusement pas terminée. Il nous faut retrouver les grands équilibres de l'Institut. Faire revenir les étudiants, les enseignants, reprendre des relations suivies avec nos différents partenaires académiques comme industriels... Il faudra du temps.
F.T. : Aujourd'hui il est très compliqué d'envisager une rentrée « ordinaire ». D'une part nous n'avons aucune certitude sur les réouvertures des campus sur la durée, ni en France ni en Chine, aucune idée sur la réouverture des frontières. Comment alors organiser des semestres d'échange ? Comment accueillir nos professeurs des écoles partenaires pour leurs missions d'enseignement ? Nous avons pendant cette crise pu acquérir de précieux savoirs sur la pédagogie en ligne. Il faudra sans doute renforcer cette capacité et mettre au cœur de notre activité pédagogique l'ensemble des innovations misent en lumière durant cette période. Il va sans doute falloir garder à l'esprit la nécessité de cultiver ces pratiques, soit pour remplacer soit pour compléter les outils traditionnels du pédagogue.
F.T. : Cette crise a sans doute montré certaines fragilités de note système. Mais pas uniquement. Elle nous a montré notre capacité à nous mobiliser et à défendre, malgré de nombreuses difficultés, notre école et à mettre en avant les valeurs qu'elle défend.
En tant que Directeur français je tiens à féliciter et à remercier chaleureusement l'ensemble de la famille SPEIT pour ses efforts particuliers.