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Newsletter 12 : se former à l'entrepreneuriat dans les écoles de ParisTech
Entretien avec Philippe Bouyer, directeur de l’innovation et de la relation aux entreprises à l’Institut d’Optique et Sandra Cologne, responsable « Innovation et Entrepreneuriat » à Arts et Métiers.
Comment accompagnez-vous les étudiants qui souhaitent être formés à l’entrepreneuriat ou créer leur entreprise ?
PB : En 2006, nous avons créé la filière Innovation-Entrepreneur comme option de la formation d’ingénieur afin de détecter les élèves ayant une fibre entrepreneuriale et de les former à l’entrepreneuriat. Ils peuvent avoir leur propre projet ou répondre à un appel à projet lancé par des entreprises, des centres technologiques, des partenaires académiques, des laboratoires etc. Dans ce cas, ils se saisissent d’une idée proposée pour la transformer en entreprise. Cela permet aux organisations externes de trouver une équipe qui transforme leur idée en un produit. En 1ère année les étudiants découvrent l’entrepreneuriat et décident ou non de continuer. En 2ème et 3ème année, ils bénéficient d’un aménagement de l’emploi du temps pour se consacrer à leur projet (un jour par semaine et des semaines dédiées). Ils peuvent s’immerger dans l’espace entrepreneurial, aller dans des fablabs pour faire des prototypes, échanger avec leurs tuteurs. Les équipes entrepreneuriales prennent d’abord conscience de l’ambition du projet. Puis elles sont challengées sur leur produit, leur approche du marché ainsi que par le monde extérieur (des investisseurs, le monde industriel…). Les élèves se rendent sur des sites correspondant à leur secteur de marché pour se confronter à la réalité et ajuster leur vision. Une fois le projet consolidé, nous les challengeons sur leur vision à long terme et le modèle économique. Nous injectons de l’information nouvelle pour faire évoluer et consolider le projet. Après 9 mois, ils commencent à travailler sur le business plan et le prototype. En 3ème année, les équipes entament la démarche de création du produit, de l’entreprise. Ces élèves reçoivent la même formation et obtiennent le même diplôme que les autres élèves. Les élèves ont le droit de ne pas créer d’entreprise. Mais s’ils ont envie d’en créer une, nous pouvons les accompagner en les hébergeant dans des centres entrepreneuriaux où ils sont conseillés. Nous avons des partenariats avec les conseillers du commerce extérieur et des écoles de commerce.
SC : Arts et Métiers a mis en place en 2019 le dispositif PEIT (Parcours Entrepreneuriat et Innovation Technologique) dédié à l’innovation technologique et l’entrepreneuriat étudiant. Cette formation et l’accompagnement individualisé des porteurs de projets qui lui est associé permettent à chaque étudiant de penser, concevoir, tester et lancer un projet dans un contexte global, en France et à l’international, en bénéficiant du meilleur de chaque écosystème local. Le PEIT s’adresse aux étudiants porteurs de projets de création d’entreprise et/ou de développement de technologies innovantes en entreprise. Deux programmes sont accessibles : « Innovation & Entrepreneurship Academy » pour les porteurs de projet d’entrepreneuriat, « Création de Produit Innovant » pour les étudiants prêts à travailler sur un des projets d’innovation en entreprise qu’Arts et Métiers propose. Dès la 1ère année, les élèves du Programme Grande École (PGE) suivent un module de sensibilisation obligatoire. En 2ème année, ceux qui souhaitent porter un projet d’innovation technologique en entreprise ou qui souhaitent développer un projet entrepreneurial peuvent suivre le parcours PEIT en sus de leur formation d’ingénieur.
Pourriez-vous donner quelques exemples de projets ou d’entreprises créées au sein de votre école ?
PB : Stereolabs, une des premières entreprises créées au sein de la filière, dispose de deux antennes aux Etats-Unis. Les créateurs ont d’abord réfléchi à des systèmes d’imagerie avec des applications médicales, mais c’était compliqué économiquement. Ils se sont recentrés sur l’imagerie 3D et ont développé un produit qui s’est retrouvé en compétition avec les meilleurs du secteur sur le marché cinématographique 3D. Ils ont obtenu le marché. Effilux conçoit et fabrique des solutions d’éclairage LED. Elle a récemment été achetée par le leader mondial du domaine, ce qui est une preuve du succès de l’entreprise. Les élèves du projet Ethylowheel travaillent sur la création de capteurs optiques permettant d’inclure des éthylotests dans les voitures.
SC : Zozio propose des outils de gestion en production. Médusa, lancé par deux élèves, propose des motos électriques haut de gamme avec une grande part d’artisanat et une fabrication 100% française. Un des objectifs du parcours PEIT est de créer un lien très fort entre la recherche et les projets des étudiants. Nous valorisons la recherche comme un outil méthodologique qui permet d’apporter de l’expertise technologique et de soutenir la création de produit innovant. Ainsi, beaucoup de projets donnent lieu à une poursuite en thèse. Nous assurons un suivi post diplomation afin de voir combien d’entreprises sont créées une fois que l’étudiant commence à travailler et à avoir de l’expérience.
Quelques chiffres :
Arts et Métiers : 20 étudiants sélectionnés pour 100 candidatures par an, 80 projets depuis 2019
Institut d'Optique : +150 projets d'entreprise, 20 entreprises créées depuis 2006, 200-400 emplois créés, +100 prix de l'innovation