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Newsletter 18 : La recherche au cœur de la formation d'ingénieur ParisTech
Entretien avec Pierre Haquette, directeur des études à Chimie ParisTech ― PSL et Anne Morel, directrice des formations à Arts et Métiers
Comment initiez-vous les élèves-ingénieurs de votre école à la recherche tout au long du cycle ingénieur ?
PH : Nos élèves ingénieurs sont familiarisés avec la recherche dès le début de leur cursus. Durant la semaine d’intégration, une table ronde réunit des enseignants-chercheurs, offrant aux étudiants un aperçu des activités de recherche à l’école. Les travaux pratiques intègrent systématiquement une recherche bibliographique, enseignant aux étudiants la recherche d’information, la lecture et la synthèse de publications, ainsi que la rédaction de comptes rendus sous forme d’articles scientifiques. Les étudiants participent à une semaine d’innovation en fin de première année, explorant les aspects de la valorisation et visitant les laboratoires de recherche. À la même période, des TP projets plus exploratoires sont effectués par certains étudiants en laboratoire. Le programme UROP de PSL, en 2023-2024, soutient financièrement les étudiants (environ 10% en 2023/2024) pour ces stages de recherche. En deuxième année, en plus des TP, les élèves réalisent des projets d’innovation avec une démarche scientifique : inspiration, proposition et réalisation. Au moins l’un des stages longs doit être scientifique et technique, la majorité des étudiants optant pour des stages en laboratoire de recherche académique ou industriel. L’école héberge deux laboratoires de recherche sur site et 4-5 start-ups, offrant aux étudiants une immersion constante dans un environnement de recherche.
Plus de 50% des enseignements sont assurés par des enseignants-chercheurs permanents, ce qui permet d’illustrer les enseignements avec des exemples concrets de recherche en cours.
AM : L’école compte 15 laboratoires de recherche de haut niveau répartis sur tout le territoire. Une grande partie de nos enseignements est dispensée par des enseignants-chercheurs qui nourrissent leurs cours avec des éléments illustratifs de leurs activités de recherche. Nous organisons des journées de sensibilisation à la recherche. Nous donnons des informations sur les masters, les thèses de doctorat et mettons en avant des parcours inspirants avec des témoignages de professionnels. Nous communiquons beaucoup sur la recherche appliquée car notre établissement a une forte interaction avec l’industrie. Nous proposons aussi aux élèves-ingénieurs de mener des projets associés aux actions de recherche de l’école.
Enfin, nous avons mis en place un dispositif d’accompagnement professionnel de l’étudiant avec des ateliers en petits groupes et des entretiens individuels. Dans ce cadre, nous présentons notamment les métiers liés à la recherche et travaillons avec chaque élève à la construction de son parcours pour qu’il puisse avoir un projet cohérent avec ses valeurs.
Pour quelles raisons cette proximité avec le monde de la recherche est-elle essentielle dans le cursus ?
PH : La formation par la recherche revêt une importance cruciale, favorisant l’acquisition d’un esprit critique, suscitant l’appétence pour l’innovation et développant des compétences en gestion de projet et en valorisation des résultats. Elle sensibilise également les étudiants à l’importance de la veille scientifique et complète leurs compétences en communication, tant écrites qu’orales, en français et en anglais.
AM : La recherche et l’innovation sont des éléments très importants dans le monde industriel d’aujourd’hui. Un ingénieur Arts et Métiers est un ingénieur capable de définir, partager et mettre en oeuvre une stratégie d’innovation en utilisant les ressources de son environnement. Les activités de recherche et de valorisation des enseignants-chercheurs permettent de faire évoluer le contenu des enseignements qui doivent rester corrélés avec les aspects techniques du monde industriel. Notre établissement bénéficie du label Carnot décerné par l’État, qui récompense les actions volontaristes des établissements en faveur de la recherche appliquée.
Quelle est la plus-value de la thèse pour un élève-ingénieur ?
PH : À l’école, environ un tiers des étudiants poursuit en thèse, offrant ainsi à l’ingénieur généraliste une spécialisation et une expertise dans un domaine spécifique. Cela renforce les compétences évoquées précédemment, permettant à l’ingénieur de mettre en perspective les résultats et les avancées par rapport à un état de l’art et à ses pairs. Le travail collaboratif est intensifié, tout comme la dimension internationale. Les étudiants acquièrent une expertise approfondie dans leur domaine avec persévérance. À l’échelle internationale, le doctorat jouit d’une grande reconnaissance, tandis que le diplôme d’ingénieur demeure l’incarnation de l’excellence française.
AM : Un élève qui veut conduire une carrière à l’international a tout intérêt à obtenir une thèse car le doctorat est le diplôme reconnu à l’étranger. De plus, l’accession à des postes à haute responsabilité nécessite souvent une thèse de doctorat. L’année dernière un de nos élèves qui était ingénieur R&D chez Safran depuis huit ans a soutenu sa thèse. Il s’est rendu compte que pour évoluer professionnellement, il avait besoin d’obtenir une thèse. Depuis plus de dix ans, notre direction de la recherche travaille pour instaurer une culture de la recherche, structurer les activités de recherche et les diffuser vers l’enseignement. Nous voyons clairement l’impact de ces actions sur les indicateurs internationaux.
Actuellement environ 30% de nos élèves suivent des parcours recherche dans le cadre de leur diplomation ingénieur. Ces chiffres sont encourageants, mais pouvons encore progresser pour encourager les poursuites en thèse.