La France organise, les 24 et 25 mai 2018, la Conférence ministérielle européenne de l’enseignement supérieure. Celle-ci réunira les ministres des 48 Etats signataires de la « Déclaration de Bologne » sur la convergence des systèmes d’enseignement supérieur en Europe. L’occasion de faire le bilan sur les changements concrets apportés depuis plus de 20 ans par le processus de Bologne, les nouvelles évolutions attendues à la suite de la conférence et les opportunités pour nos établissements. Interview de Sophie Leban coordinatrice générale du programme Athens, Christian Lerminiaux, directeur de Chimie ParisTech et vice-président de ParisTech.
Quelles sont les prochaines échéances pour l’Europe de l’enseignement supérieur ?
SL : Depuis début 2018, deux groupes de réflexion ont été créés à l’initiative de la direction générale de l’éducation et de la culture à Bruxelles et de la commission européenne. Composé, pour l’un, de membres des établissements et de réseaux de l’enseignement supérieur, et, pour l’autre, d’experts désignés par les Etats membres, ces groupes de réflexion préparent les échéances de ce printemps autour de la notion d’universités européennes.
CL : Les échéances sont très proches et le calendrier serré puisque la Commission européenne lancera un appel à projets pour les universités européennes à l’automne, à la suite de premières décisions attendues le 23 mai lors du Conseil de l’Education qui se réunira à Bruxelles. Les établissements d’enseignement supérieur doivent donc se positionner très vite sur le sujet. L’Europe devrait dégager 20 millions d’euros pour les projets sélectionnés.
Que sont ces universités européennes, précisément ?
SL : Emmanuel Macron, lors de son discours de la Sorbonne le 26 septembre 2017 proposait :
« (…) la création d’universités européennes qui seront un réseau d’universités de plusieurs pays d’Europe, mettant en place un parcours où chacun de leurs étudiants étudiera à l’étranger et suivra des cours dans deux langues au moins. Des universités européennes qui seront aussi des lieux d’innovation pédagogique, de recherche d’excellence. Nous devons nous fixer, d’ici à 2024, en construire au moins une vingtaine. Mais nous devons, dès la prochaine rentrée universitaire, structurer les premières, avec de véritables semestres européens et de véritables diplômes européens.(…) »
CL : Les universités européennes permettront d’avoir des cursus sur plusieurs sites avec un diplôme unique conjoint à plusieurs établissements européens. Ceux-ci devront proposer, dans un domaine spécifique, une offre de formation et des actions de recherche commune, des diplômes uniques. La mobilité ne concernera non plus seulement les étudiants mais aussi les enseignants chercheurs, le personnel administratif qui devra également être mobile.
En quoi ce projet d’universités européennes doit-il accélérer la convergence de l’enseignement supérieur en Europe ?
SL : Celui-ci va beaucoup plus loin que les dispositifs existants, tels que Erasmus+ En effet, La projection actuelle des tendances d’Erasmus+ d’ici 2020 est celle d’une mobilité touchant 7% des étudiants des pays éligibles à ce programme. Ce qui est finalement assez peu. Il y a encore trop peu d’échanges, peu d’opportunités proposées dans les curricula. Par exemple, la semaine d’échanges Athens est, pour certains étudiants, la seule expérience de mobilité de leur cursus !
CL : Ce projet doit permettre de construire et structurer l’espace européen de l’enseignement supérieur et de la recherche d’ici 2025. Il a pour ambition de faciliter et d’encourager la mobilité pour TOUS, tous les pays et toutes les disciplines
Concrètement, quel est le « cahier des charges » pour être labellisé universités européennes ?
SL : Celui-ci est en cours d’élaboration et sera validé lors du Conseil de l’Education le 23 mai. Mais, pour résumer, les universités européennes seront issues de l’alliance entre 3 à 6 établissements ayant clairement identifié des synergies d’enseignement et de recherche, étant en mesure de porter des projets de long terme et de garantir une intégration structurelle minimale avec une taille critique et bénéficiant de financements d’Etats.
CL : Nous sommes dans une logique « Bottom-up ». Il y a, bien sur, un niveau d’excellence attendu mais les établissements éligibles doivent se porter volontaires, avoir identifié les convergences possibles. A ce titre les réseaux existants comme ATHENS, CESAER sont des plateformes d’échanges efficaces pour trouver des points d’alliance possibles. Les écoles de ParisTech, membres de ces réseaux, auraient toute légitimité à se saisir de cette opportunité.
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